Couverture transition économique

Cet article est un résumé de ce vaste « essai-article » que je vous invite à lire ici.
Temps de lecture : 5 mn


Cet article met en regard les lois de la physique et le modèle économique occidental dominant dans le monde. Ce modèle est-il compatible avec les lois immuables qui régissent la vie sur notre unique planète ? La réponse esquissée il y a 50 ans est on ne peut plus évidente aujourd’hui : non, un nouveau modèle économique doit être créé. Quelle en serait la forme ? Quelles en seraient les valeurs ? La réponse est difficile, mais à l’évidence bien opposée au modèle actuel.


Les contraintes et limites physiques de notre unique planète

Notre planète Terre est un astre unique, formé comme par magie à la nuit des temps. À sa surface, le vivant a tracé sa voie sans aucune influence humaine pendant des milliards d’années tout en surmontant de graves crises naturelles. La lente évolution des espèces a fini par faire apparaître celui qui deviendra l’Homme. Suite à une stabilisation du climat survenue il y a 20 000 ans, celui-ci s’est sédentarisé. Nous sommes génétiquement les mêmes hommes et femmes que ces premiers sédentaires.

Nous avons alors inventé l’agriculture, puis l’écriture, et de fil en aiguille, dompté la science et modélisé de plus en plus clairement les phénomènes physiques et biologiques terrestres au fil des millénaires. Une grande accélération de notre quantité de connaissances scientifiques s’est produite entre le XVIIIème siècle et aujourd’hui.

Parmi l’immense multitude de ces connaissances, focalisons nous sur deux enjeux majeurs du monde d’aujourd’hui. D’une part la finitude de toutes nos ressources (minérales et fossiles) et le fait que la combustion des énergies fossiles dégage du CO2 qui déstabilise notre climat. D’autre part, toute transformation entraîne des pertes d’énergie et de fait, aucun de nos recyclages artificiels n’est aussi parfait que le « recyclage biologique » naturellement présent dans les écosystèmes depuis des millions d’années.

En résumé, notre planète est la seule connue, elle nous a donné des limites et un certain nombre de contraintes physiques dont nous sommes collectivement conscients. Vouloir dépasser ces limites est un danger incommensurable pour tout le vivant qui occupe cette planète, y compris les Hommes. Aucune des générations qui nous ont précédé n’avaient jamais atteint un tel niveau de connaissances mondialement partagées.

Un modèle économique dominant au service de la destruction du vivant

Mettons en regard ces faits scientifiques avec la manière dont notre monde occidental fonctionne de nos jours. Depuis le milieu du XIXème siècle, le modèle économique dominant est basé sur la mesure du PIB et la croissance économique. Ce modèle a permis d’arriver à un niveau de confort matériel jamais égalé et une accumulation de « richesses », de services et d’objets divers toujours croissante.

Contrairement aux apparences, ce confort est ultra-minoritairement issu de notre travail physique, mais provient du travail des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole). En 200 ans, nous avons créé des machines toujours plus grandes et puissantes capables d’ingurgiter ces sources d’énergies que l’évolution a mis millions d’année à créer. C’est grâce à l’extrême densité de ces énergies que nous avons démultiplié des centaines de fois la force de travail de nos bras et de nos jambes. Ces machines ont transformé la physionomie de notre planète sur toute sa surface : routes, infrastructures, bâtiments, techniques agricoles en sont les faits les plus criants.

Revenons à notre PIB. Cet indicateur présent dans notre quotidien souffre de nombreux inconvénients largement ignorés du monde politique et des médias. L’inconvénient majeur du PIB est qu’il ne mesure pas les impacts négatifs qu’il inflige sur ce qui fait sa base : les ressources naturelles et l’énergie. Ce modèle est tellement « en roue libre » qu’il peut s’auto-entretenir jusqu’à la disparition brutale des ressources qu’il n’a pas pu anticiper. Quand un modèle n’est plus adapté, la sagesse et la raison suggèrent de passer à un autre.

Malgré de nombreuses alertes formulées depuis des décennies par divers mouvement d’économies alternatives, le modèle économique dominant a toujours réussi à perdurer. Cinquante ans après, la croissance économique est toujours le leitmotiv dogmatique, malgré de nouvelles dénominations trompeuses comme la « croissance verte ». La confiance en la technologie pour nous « sauver » doit être également prise avec grande précaution, car sans aucune régulation ni auto-contrôle, l’histoire a montré de graves dérives de ses usages.

Nous avons les connaissances scientifiques qui montrent que ce modèle économique est voué à sa perte. Cette responsabilité est énorme mais doit être source de fierté pour faire honneur aux générations qui nous suivront. Elles sauront que nous nous sommes réveillés pour leur transmettre un planète en (relativement) en bon état et en paix.

Si chaque être humain (surtout occidental) a sa part à prendre dans ce combat, la responsabilité des dirigeants et « influenceurs » de ce monde est encore plus importante. Ils sont conscients de ces enjeux et ont la possibilité de faire massivement bouger les choses dans un sens positif. Espérons que l’histoire retienne négativement le nom de ceux qui n’ont pas été à la hauteur de la responsabilité qui leur a été donnée.

La transition économique avant toute chose

Les lois de la physique sont plus fortes que nos « lois » économiques responsables de la destruction du vivant. Il est indispensable de bâtir une « transition économique » au service de la vie. Sans ce préalable, toute démarche de transition écologique sera automatiquement rattrapée et industrialisée par le système actuel : il finira par la pervertir à son profit. Aucune transition écologique globale n’est donc possible sans « transition économique ».

Qui dans les réseaux entrepreneuriaux prend ces questions aux sérieux ? Quelle CCI remet en cause cette croissance infinie ? Quelle instance officielle ? Personne (et c’est pourtant un entrepreneur qui parle). Ayons l’ambition de créer un programme de recherche international et pluridisciplinaire consacré à cette transition économique. Un tel programme (ITER) est déjà en cours pour un projet scientifique bien plus ambitieux, très cher et dont la finalité est philosophiquement très discutable. C’est donc possible de le faire ! Cette nouvelle économie, et de manière plus large ce nouveau système, devra permettre de favoriser les activités fondamentales à notre vie, sans pour autant détruire le reste du vivant.

Elle nous replacera dans une vision à long terme, ce que notre confort matériel du présent et nos injonctions permanentes à consommer ne permettent pas. Elle nous libèrera des contraintes budgétaires et monétaires imposées par le modèle économique actuel. Elle intègrera dans ses bases les lois de la physique et de la biologie. Elle encouragera l’entrepreneuriat et les comportements qui promeuvent les valeurs de sobriété et de partage. Elle valorisera les activités répondant à nos besoins fondamentaux. Elle s’inspirera des techniques low-tech de nos ancêtres passé et découragera l’utilisation des énergies et ressources non renouvelables. Elle rendra notre survie indépendante de la consommation permanente de biens et de service. Elle devra mettre fin à l’avidité, la prédation et la concurrence dogmatique. Enfin, elle permettra de retrouver une cohérence salvatrice entre nos actions et leur impact sur notre planète.

Le chemin à parcourir pour atteindre cet objectif reste difficile, inconnu et semé d’embuches. Des centaines de voies sont possibles, allant de la prise de conscience par le peuple, un réveil inattendu des dirigeants, des révoltes, une démarche collective non violente. La voie vers cette nouvelle économie « vivante » doit être la plus douce et rapide possible, mais plus nous attendons, plus elle sera difficile.


Cet article est un résumé de ce vaste « essai-article » que je vous invite à lire ici.
Les sources d’inspiration sont dans l’article original.


1 réponse
  1. Philippe
    Philippe dit :

    Une magnifique contribution pour le monde d’après.
    A faire lire aux membres de la convention citoyenne …
    Et rédigée par quelqu’un qui sait joindre le geste à la parole !
    Bravo Rémi

    Répondre

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